The following article has been published in August 2019. Lead by the travel flow and in the will of writting the next articles, we haven’t published its english version yet. We put it online here too so you can enjoy a moment back in the past with us now, using the fonctionality of Google Translate.
C’est par le Turkménistan que l’on avait prévu d’entrer en Asie Centrale. Toute aventure est faite d’imprévus et la nôtre aussi. Comme dans une loterie, notre demande de visa pour le deuxième pays le plus fermé au monde a été refusée. C’est l’occasion pour nous de découvrir deux nouveaux pays : l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan. Notre seul regret est de devoir écourter notre séjour en Iran. Et oui, avec 2000km de détour à faire, on doit se dépêcher !

Un détour imposé
L’Azerbaïdjan on en entend peu parler, même de par les cyclos qui sont passés par là. On débarque sans idée reçue dans ce petit pays. L’accueil est aussi chaleureux qu’en Iran : on nous clac-sonne avec le sourire, on nous invite à boire le thé et on nous offre des glaces. Cependant, c’est la première fois qu’on a à faire à deux chauffeurs très peu amicaux qui nous insultent par la fenêtre. Pour les autres, c’est encore « Welcome to Azerbaïdjan ! »

Côté paysage, on pédale pour la première fois sur une longue plaine, d’abord le long de la mer Caspienne, puis dans les terres. L’horizon est plat et infini. On traverse plusieurs villages dont Bilasuvar, où on est chaleureusement accueillis par Orkhan de Warmshowers. Par chance, on tombe le soir de la fête des diplômés du baccalauréat, suivie par un repas en soirée privée avec notre hôte, professeur d’anglais, le proviseur et le vice-proviseur du lycée. Nous sommes privilégiés. Deux découvertes de la soirée : les Azerbaïdjanais sont d’excellents danseurs et aussi de bon buveurs de vodka. On nous fait goûter les spécialités du pays en cinq plats, accompagné de vin locaux. En somme, une excellente soirée au long de discussions ouvertes.





Liberté retrouvée
Au passage de la frontière entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, c’était en apparence un retour flagrant aux libertés individuelles. D’un côté, les femmes arboraient des robes légères laissant apercevoir leur épaules et leurs genoux. De l’autre, on pouvait voir des hommes attablés à boire une bière. Par cette chaleur, on se réjouissait de pouvoir en profiter aussi. Voilà, mais ça c’est bien seulement une apparence quand on sait que la politique est une affaire de famille en Azerbaïdjan et que de nombreuses affaires de corruption planent autour.



Un bateau nommé désir
Ce détour impliquait un ferry à travers la Mer Caspienne jusqu’au Kazakhstan. Ce ferry n’a pas d’horaires et les informations données au port n’étaient jamais très précises. Le temps passe lentement dans un port à 40C° et entourés de camions. Heureusement, c’est pendant nos quatre jours d’attente que nous avons rencontré d’autres voyageurs aux profils différents.




Lise et Antoine sont en année sabbatique et après six mois en Amérique du Sud, ils traversent l’Asie Centrale. Leur budget de 5€ par jour les poussent à aller vers les autres. Yakob est parti sur un vélo solaire fait maison. Max voyage à vélo depuis un an. Il était parti suivre sa copine et finalement c’est seul mais pas malheureux qu’il continue. D’ailleurs, son étape suivante est l’Iran mais on l’a croisé sur la route et on lui a proposé de planter sa tente avec nous. Grégoire, fraîchement diplômé et en quête de sens file comme l’éclair sur un vélo léger. Anne et son mari, tout deux à la retraite, voyage à moto après avoir visité l’Afghanistan et le Yémen.
Quatre jours d’attente et nous embarquons pour un trajet de moins de 20 heures à travers une mer calme, suivie d’un camping entre cyclistes sur une plage kazakh.




Le premier contact avec les Kazakhs et les Ouzbeks est assez déroutant. On était habitués aux grand sourires iraniens et turcs. Cependant l’hospitalité reste la même. Peut-être que la chaleur les accablent autant que nous. Après 90km sous le soleil et dans le désert, on décide de prendre le train pour avancer.







On achète les tickets en arrivant à Aktau et on se rend vers notre hôte Couchsurfing pour la nuit. On passe une soirée si bien qu’on regrette d’avoir déjà les tickets pour le lendemain. On se pose la question plusieurs fois de rester ou partir. Ce qu’on aime particulièrement à vélo c’est notre liberté. On a aucune limite de temps, si ce n’est par les visas. Là, le billet de train était une limite.






L’Homme comme menace
On décide de sortir du train plus tôt que prévu, dans la ville de Kungrad. De là, on fait un aller-retour à Muynak. Cette ville était sur la Mer d’Aral jusqu’aux années 60. Maintenant elle est au milieu du désert et on ne voit aucune trace de mer, si ce n’est les carcasses de bateaux. L’image est impressionnante et souligne l’exploitation intensive agricole qui a ravagé la région. Les deux rivières principales qui alimentaient la mer ont été utilisées pour irriguer les champs de coton, gourmand en eau. La Mer d’Aral existe toujours, à une centaine de kilomètres, mais a perdu 90% de son volume d’eau. Les terres où la mer régnait sont maintenant trop salées et même toxiques pour que la faune et la flore s’y installent. Le pire c’est que la même chose est en train de se passer en Iran, au lac d’Ourmia, où nous sommes passés.






Après une bonne dose de chaleur sous les carcasses de bateau nous décidons de ne pas camper sur les bords desséchés de la mer d’Aral mais plutôt de rentrer a Kungrad et commencer à pédaler. Le départ tardif de l’hôtel nous oblige à camper juste au bord de l’autoroute dans les fourrés. Notre attitude face au camping sauvage a bien changé en six mois. En Europe, nous regardions dix fois à droite et à gauche afin d’être sûr que personne ne puisse nous voir. Ce soir, la tente est simplement posée au bord de la route.


Il fait chaud dans la steppe ouzbek
Les 4 jours qui suivent sont très chauds et très éreintant. La chaleur constante et écrasante nous fatiguent énormément. Nous avons du mal à nous lever tôt. Théoriquement il faudrait être sur les selles dès 4h30 mais on ne monte pas sur nos montures avant 7h30/8h. A midi il fait vraiment trop chaud et il nous faut attendre 17h pour repartir.
Heureusement les ouzbeks sont très accueillants. Il faut parfois faire le premier pas pour aller vers eux, mais nous sommes reçus à chaque fois bien au dessus de ce que l’on pouvait espérer. La route est droite et entre les villages il n’y a rien. Nous arrivons autour de midi dans une zone relativement vide et notre seule solution pour trouver de l’ombre est de se poser sous les arbres qui borde la première maison que l’on trouve. Nous sommes invités très rapidement à échapper aux grosses chaleurs à l’intérieur de la maison où l’on nous sert un thé, des œufs et du pain. A l’inverse de l’Iran, les ouzbeks respectent à chaque fois notre fatigue et notre désir de repos. C’est assez déroutant mais vraiment agréable. La famille nous installe les matelas pour dormir et nous fermons les yeux pendant deux heures.








Nous posons la tente sur le site d’une ancienne forteresse au abord de Nukus, directement dans les fondations en terre d’une ancienne demeure. Le site nous offre enfin une vue surélevé sur la route que nous avons parcourue et une magnifique vue sur le cimetière et les mausolée que nous avons visités au préalable.











A Nukus on essaye de réparer les plateaux de Xavier. Plusieurs dents se sont tordues et la chaîne saute. Le travail se finit à coup de marteau et on se rend compte assez vite qu’il va être difficile de trouver des pièces de qualités. Les magasins sont remplis du chinois Shimong, pâle copie du japonais Shimano. On décide donc de commander les plateaux originaux en Allemagne avec nos nouvelles selles Brooks en profitant de notre ami Prajwal qui nous rejoindra à Samarcande et pourra tout amener.



On pensait être sorti du désert mais les kilomètres qui suivent sont toujours au milieu de la steppe et la route, pourtant la route principale, est de très mauvaise qualité.



Nous sommes obligés de nous arrêter pour demander de l’eau en début de soirée et après quelques rires, photos et verres de vodka, nous sommes invités à poser la tente sur le parvis de la maison et à partager le repas avec toute la famille, qui venait de faire cuire le pain.




C’est l’occasion d’encore plus de portraits et de photos avec les vélos.



Heureusement les ouzbeks vivent avec leur climat et se lèvent tôt. Après un petit déjeuner assez sec, du pain sans confiture ni beurre au petit déjeuner, nous reprenons la route. Nous nous dirigeons vers les forteresses de Kizil Kala et Toprak Kala. Quitte à pédaler dans le désert, autant sortir de l’axe principal pour faire un peu de tourisme. On imagine les caravanes transportant la soie et traversant le désert, faisant escale comme nous dans ces forteresses.





La vision d’un lac sur la carte nous motive pour pousser le détour encore un peu plus loin. Xavier se baigne sur une première berge mais l’eau est sale. On trouve un super emplacement dans un parc aménagé de la ville de Boston, directement au bord de l’eau. Après tout ce sable ça fait plaisir.


Khiva, Bukhara, Samarcande, des noms qui font rêver
Les demandes Couchsurfing ou Warmshowers ne marchent pas bien en Ouzbékistan et nous campons quelques kilomètres avant Urgench pour éviter de prendre un hôtel. Nous rencontrons tout de même Akbar qui s’avère être un super guide et nous fait visiter Khiva. Khiva est une ville entourée de désert. A l’image des derniers jours il nous est impossible de nous déplacer dans les ruelles entre midi et 16h. Toutefois au milieu de ces minarets et Madrassa aux couleurs bleue et turquoise, cela convient bien et donne un cachet en plus, comme si l’on partageait un cours instant le chemin passé des chameliers le long de la route de la soie.
La vielle ville de Khiva est complètement fortifiée et il faut passer par l’une des quatre grandes portes pour y entrer. De part ses ruelles étroites la vieille ville est complètement piétonne.




Akbar nous montre les ateliers de fabrication de tapis où les femmes tissent le fils. Un tapis de salon prend environ six mois à être tressé à la main.




Akbar parle un très bon allemand et s’est inscrit à un programme d’échange d’été avec l’Allemagne. Nous sommes très heureux de voir à présent ses photos en Europe et de le savoir en bonne voie pour réaliser ses rêves. Nous croisons les doigts pour que ses études puissent se poursuivre en Allemagne.






Nous pensions pédaler jusqu’à Bukhara mais Akbar nous le déconseille. Il y a entre les deux villes encore 300 km de désert. Nous remontons donc dans le train pour une troisième séance de sauna collective. Nous retrouvons Grégoire dans le train, qui étant tombé malade, ne se sentait pas de pédaler non plus.
La vieille ville piétonne de Bukhara est remplie de Madrassa et de mosquée au couleur bleue et beige. Nous ne sommes pas allé à Ispahan et c’est finalement tant mieux. La découverte à Bukhara est d’autant plus plaisante.







Nous avons la chance de pouvoir dormir dans le caravansérail de Jamik. A même le sol dans les petites cellules qui bordent la cour intérieur, nous sommes des vrais voyageurs du désert.
A la sortie de Bukhara nous visitons les palai d’été de l’Emir où nous trouvons une influence chinoise marquée dans les motifs muraux, les vêtements ou la porcelaine. La Chine est de moins en moins loin. Nous visitions également le mausolée de Bakha ad-Din Naqshband pionnier du mouvement soufiste musulman Naqshbandi.



Nous rejoignons Grégoire au bord du lac To’dako’l où une baignade s’impose.
Les trois jours qui suivent ne sont pas faciles. La route n’est pas bonne, il fait chaud et surtout un très fort vent de face nous ralentie énormément. Un jour ça va, mais quand le vent ne cesse de souffler pendant trois jours cela devient mentalement dur.
Grégoire se fait accueillir par une très chouette famille et nous le rejoignons au moment où les samoussas maison sont sortis sur la table.
Les maisons ouzbeks dans les campagnes sont constituées d’une grande cour intérieur où poussent légumes (patates, tomates, concombres) et fruits (pommes et abricots) entourée des différents bâtiments et d’une zone pour les trois ou quatre vaches de la famille. La famille entière vit généralement ensemble, grand-parents, parents, enfants, alors que les oncles et tantes occupent les maisons voisines. Devant la pièce principale, à l’extérieur, est installé le grand canapé/lit/table en bois sur lequel est dressé soit la nappe de repas et les coussins pour s’asseoir et plus tard les matelas pour dormir. C’est la dessus que nous mangeons et dormons lorsque nous sommes invités.


Nous disons au revoir à Grégoire au matin. Bien qu’il soit plus léger que nous, cet homme est une machine. Il fera en un jour les 180km jusque Samarcande que nous mettons deux jours à faire avec ce vent de face.
Nous arrivons à Samarcande six jours avant le rendez-vous avec Prajwal. Nous décidons de garder la visite de la ville pour plus tard et de nous diriger vers les montagnes pour marcher dans la fraîcheur. Nous laissons nos vélos dans une auberge et partons vers le parc national du Zanin avec nos sacs à dos.






Qu’il est bon de retrouver de l’herbe verte, des fleurs et des montagnes. Le parc est sur la frontière avec le Tadjikistan. Les montagnes dans lesquelles nous randonnons sont les mêmes que l’on suivra à vélos quelques jours plus tard, côté tadjik de la frontière. Malheureusement nous ne pouvons pas marcher et camper la où l’on veut. On arrive quand même à faire une belle boucle de cinq jours hors des sentiers battus. Mais après s’être fait déplacés par les militaires ou s’être bien égratignés lorsque le chemin disparaît complètement, on se dit que la rando s’est quand même mieux en Europe où les montagnes sont aménagées pour ça.




Après cinq jours de rando et quelques “chachlik” (brochette de mouton) traditionnelles, nous retournons vers Samarcande pour retrouver Prajwal. C’est d’ailleurs à partir de ce moment là que nous décidons de manger au plus possible végétarien, tant que l’on sera dans l’un des pays en -stan. Le risque est trop grand pour nos estomacs.


A nouveau qu’il est bon de revoir un visage connu. Ensemble nous visitons cette ville des sables, carrefour de la route de la soie ou des contes de milles et une nuit.






Le plan est de pédaler ensemble jusque Duchanbé, capital du Tadjikistan. Pour des raisons pratiques, Prajwal préfère acheter un vélos sur place plutôt que d’amener le sien. Mauvais plan. Les vélos chinois sont certes peu cher, mais la qualité est à la hauteur du prix. Le dérailleur saute, les freins à disque frottent et une pédale finira par tomber en pleine montée. Bref on déconseille fortement de partir pour un voyage à vélo en planifiant d’acheter son vélo sur place. Le résultat est trop incertain.
Après un peu de travail, nous partons pour une petite boucle de deux jours en Ouzbékistan avant de rejoindre la frontière tadjik. C’est l’occasion pour Prajwal de goûter un vrai pilaf (prononcé « plof »), cuisiné par une vraie maman tadjik. Le plof est le plat le plus courant en Ouzbékistan et au Tadjikistan. Le riz est cuit dans de grande bassine, mélangé avec des carottes, des raisins ou des haricots et de l’agneau. Lorsqu’il n’est pas trop gras, c’est très bon.








La traversée de frontière se fait surprenamment facilement. Les douaniers sont habitués à voir passer des cyclo-touristes.
C’est donc dans la joie et la bonne humeur que nous entrons au Tadjikistan et que nous nous dirigeons plein de motivation vers les montagnes du Pamir.
Après des mois de planification, de rêves ou simplement d’inconnue, ça nous fait tout drôle d’être enfin là. Encore un objectif du voyage qui se concrétise.

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