The following article has been published in November 2019. Lead by the travel flow and in the will of writting the next articles, we haven’t published its english version yet. We put it online here too so you can enjoy a moment back in the past with us now, using the fonctionality of Google Translate.
Jamais un passage de frontière n’a été aussi dépaysant. Ce qui apparaissait comme un village sur la carte était une vraie ville, contrairement aux villages tadjik et kirghiz. Nos papilles étaient sollicitées de toute part à la vue de nouvelles saveurs, après la diète d’Asie Centrale. L’abondance comme chez nous, retrouvée mais rapidement on retrouve le superflu.

L’extrême ouest chinois
Peu avant la frontière, on aperçoit deux cyclos qu’on retrouve juste avant le poste frontière. Ils viennent de prendre une “chambre” dans un “hôtel”. L’hôtel en question n’a qu’une chambre, sans salle de bain mais avec un ordinateur et une imprimante. Le propriétaire parle un anglais parfait. Le village ne comporte qu’un container qui vend deux trois trucs et une queue de cinq kilomètres de camions en attente de passage. La situation nous paraît quelque peu particulière.
Le passage de frontière côté tadjik est très rapide, mais une fois en Chine, on doit d’abord pédaler pour rejoindre la première station de contrôle. De là, nous ne sommes pas autorisés à aller plus loin par nos propres moyens. On embarque dans un taxi (pas donné, en plus !) pour 150 kilomètres. Xavier râle de savoir qu’on ne pourra pas profiter de cette longue descente. A la place, on écoute nos premiers podcasts tout en se plaignant de la lenteur de conduite et des pauses successives de notre chauffeur. De toute façon, rien ne presse : les douaniers chinois sont en pause déjeuner pendant 3 heures (au cas où vous pensiez que les français prenaient leur temps à midi !)

Une fois les contrôles passés, on a plus qu’à chercher un hôtel puisqu’on est pas autorisés à camper dans la région. Un policier nous guide jusqu’à un établissement qui accepte les étrangers et on y passera la nuit après avoir été contrôlés trois fois, dont un dernier contrôle à 23h dans notre chambre par deux policiers. Notre premier repas est typique ouïghour : le da pan ji (大盘鸡) ou littéralement le grand plat de poulet. On est quatre à table et on reçoit un grand plat (le nom ne ment pas) de poulet, patates, poivrons dans une sauce épicée. Une fois qu’on a fini le contenu, on nous amène des nouilles pour finir la sauce. Nos quatre ventres de cyclistes se régalent.

Le lendemain on reprend la route vers Kashgar avec 90 kilomètres de descente progressive. Ça aurait été une super route sans les contrôles de police successifs et excessifs, parfois à seulement 5 kilomètres de distance. Les passeports sont vérifiés pendant 30 minutes avant que l’on nous pose la simple question : “Where are you from ?”. Difficile de lire nos passeports.

Kashgar a beaucoup de ressemblances avec l’Asie Centrale. L’entrée des maisons se fait à travers un large portails qui mène à une grand cour centrale et nous rappelle les maisons ouzbeks. Dans la nourriture, on retrouve les brochettes de viande et le plov (le riz pilaf aux carottes). Mais on trouve également beaucoup de plat à base de nouilles (mian) dont on voit la fabrication en direct.







Les Ouïghours, ethnie chinoise, sont présents dans tout le Xinjiang et Kashgar, importante ville sur la route de la soie, a fait polémique. La vieille ville actuelle est en fait une reconstruction récente car la vraie vieille ville a été complètement vidée il y a quelques années. Tous ses habitants ont été relocalisés. Nous y faisons un tour rapide avec Ben pour voir les vestiges d’une ville fantôme. L’atmosphère est très étrange car beaucoup de chose sont restées telles quelles, sur place, dans les salons, cuisines, salle de bains et parmi les décombres dans les rues.








Chaque dimanche matin, c’est le marché aux animaux, où sont échangés chèvres, vaches, yaks, poulets. On assiste aux dures négociations des marchants et on en profite pour petit déjeuner sur place.


De là, on part pour 49 heures de train à travers la Chine. A notre rythme de croisière, on mettrait 100 jours à arriver au Vietnam en prenant la route la plus courte et notre visa ne nous le permet pas. On choisit donc de tracer en train direct vers Chendgu pour pédaler dans une zone choisie : le plateau tibétain.

Une vraie grande ville chinoise : Chengdu
On a pas la même notion de petites et grandes villes, mais pour le coup, Chengdu est belle et bien une grande ville. Avec plus de 7 millions d’habitants, Chengdu est l’une des dix plus grandes villes chinoises. C’est aussi la ville qui abrite le plus de pandas ! Chengdu est connu pour son centre de recherche sur le panda géant. Les pandas sont lèves tôt et si on veut pouvoir les voir bouger il ne faut pas rater leur petits-déjeuners (ça nous change de nous lever de bonne heure pour une fois), car une fois la digestion entamée, les pandas dorment. Leurs positions improbables n’en restent pas moins hilarantes.







Pour la première fois depuis longtemps, on va à l’opéra. Bon, on appellerait plutôt ça un spectacle, puisqu’il rassemble une dizaine d’actes différents, entre opéra, théâtre, ombres chinoises et les changements de masques. C’est pour ce dernier point que ce spectacle est célèbre puisque les comédiens sont capables de changer de masque en moins d’une seconde ! Pour vous faire partager cette expérience, on a enregistré un bout du doux chant. Attention, ne pas écouter au bureau :



On tente d’étendre nos visas à Chengdu. Mais cette course se solde par un échec. Nous sommes trop tôt. On les étendra donc à Shangri-La. On achète alors nos billets de bus pour le plateau tibétain et s’est reparti pour pédaler.
Sur le plateau tibétain

Une cyclo néerlandaise croisée à la frontière ouzbek-tadjik nous avait parlé du plateau tibétain comme une de ses expériences préférées du voyage. Après lui avoir posé plein de questions sur WhatsApp, on suit son itinéraire à l’envers. Elle nous avait conseillé de prendre le bus de Litang à Chengdu comme la route était en travaux et pleine de trafic. Coincés par la pression des visas, on suit son conseil et on ne le regrette pas. La route est étroite, notre bus roule comme un fou et ne cesse de klaxonner à chaque virage et avant de doubler une voiture. On comprendra vite que tous les conducteurs chinois ont bien appris à se servir du klaxon lors du permis et en usent et abusent.


Arrivés à Litang (3900m) on part pour visiter le monastère bouddhiste, où les moines prient le matin. Le site ressemble à une petite ville avec ses trois temples, dans lesquels on retrouve des bouddhas géants, et un nombre incalculable de plus petites statues. On n’avait encore jamais vu autant de bouddhas de notre vie. De nombreux autres bâtiments sont présents et servent sûrement de logements pour tous les moines. On retrouve des moines partout dans la ville, même au restaurant le soir. On est déçus de les voir rouler en grosse voiture, ce qui choque notre vision du moine. On aimerait les voir à vélo !

Le bouddhisme tibétain
En prenant un thé à l’étage d’un café, on regarde les gens passer. On découvre avec étonnement les pratiques religieuses locales que l’on retrouvera partout au Tibet. Des femmes, des hommes, seuls ou accompagnés et de toute âge marchent sur la même boucle autour de plusieurs bâtiment. Tous font rouler les moulin de prière, une femme ajoute des petits cailloux à un tas, à chaque passage. Les moulin sont composés de cylindre remplis de prières (mantras) qui tournent librement autour d’un axe. Le fait de tourner le moulin permet à la prière de se rependre dans l’air comme si elle était prononcées. Dans leur main on retrouve des colliers de prières comme on en avait vus en Turquie, dont ils font tourner les grains entre lors doigts. Les tibétains tiennent également des petites roues à prières qu’ils font tourner comme de mini moulins.




On est enthousiastes à la vue des premiers drapeaux de prières bouddhistes tibétains. Ils flottent entre les bâtiments de la ville ou le long de longues perches que l’on retrouvera plantées dans des gros cairns au sommet des cols en l’honneur des dieux. Ils ont cinq couleurs différentes, qui symbolisent les éléments. Des mantras y sont inscrits, que le vent, en bougeant les drapeaux, emporte vers les dieux.





On retrouve beaucoup de vêtements traditionnels parmi les tibétains. Les robes prennent la première place chez les femmes. Faites de tissus drapés, de laines ou de cuirs, elles sont toutes pleines de couleurs brillantes et de motifs originaux. Les Tibétains portent souvent des chapeaux brodés, décorés et avec des motifs colorés. On verra tout au long de notre parcours en Chine l’évolution de ces magnifiques chapeaux, principalement chez les femmes, en fonction des ethnies.

On mange dans nos premiers restaurants tibétain, où l’on découvre avec joie un équivalent des röstis suisses et le vin d’orge (qingkejiu).
De retour sur les vélos
On commence, après deux jours d’immersion dans la culture tibétaines, cette belle route qui sinue entres les plaines et les montagnes. Nous sommes prêts pour affronter à nouveau les cols à 4000m et très contents de remonter sur les vélos. La saison des pluies est supposément finie mais quelques averses persistent et on se mouille tous les jours. Avec le brouillard et la brume on se croirait en Écosse, au milieu des petits lacs, de l’herbe verte et des pierres celtiques. Seule différence, nous sommes à 4000m et il y a des yaks partout.










A chaque passage de col, des drapeaux tibétains volent au vent. Le plus haut col est à 4708 mètres d’altitude, le Kuluke mountain pass est le plus haut col de notre voyage. On avait bien mérité nos médailles en chocolat !





La petite portion de route qui nous menait à ce haut col était en mauvaise état, mais rapidement dans la descente on voit une usine, le début d’un tunnel en construction, et à partir de ce point, une route neuve, vide, en parfait état. C’est très surprenant de voir une si belle route parce que nous sommes vraiment perdus au milieu des montagnes. Il n’y a rien à part quelques petites villes qui puisse réellement justifier un tel chantier. On se rendra compte plus tard que la Chine cherche à améliorer son réseau routier partout, donnant un accès plus facile aux villages reculés. Pour nous qui sommes à vélos c’est idéal. Nous sommes super content car s’annonce une descente de 1500 mètres. Ça aurait été dommage de ne pas pouvoir en profiter à cause d’une mauvaise route.

Le style de maison tibétaine change d’une vallée à l’autre mais elles sont partout très grandes, massives. Les façades sont peintes de blanc et remplies de nombreuses fenêtres dont les bords sont peints. L’ensemble est très joli. On nous expliquera plus tard que les hivers ne sont pas enneigés et c’est pourquoi les toits sont plats. On commence à voir des champs cultivés en terrasses. Dans tous les petits villages, on voit des temples au toit or.






Au hasard des rencontres
Un choix cornélien se porte à nous sur la poursuite vers Shangri-La : doit-on choisir la route à travers les montagnes ou celle dans les gorges qui débouche sur un grand axe ? On demande aux restaurants où l’on mange, aux policiers qui nous contrôlent, à notre amie néerlandaise qui est passée par là et même aux passants. Tous nous répondent la même chose : la route des gorges. On craint que le trafic y soit plus dense, mais on est certain qu’elle soit goudronnée, contrairement à l’autre. On est sûrs de ne pas arriver trop tard à Shangri-La, où on veut faire prolonger nos visas. Une fois de plus, on ne regrette pas : les gorges sont très jolies et on évite trop de dénivelé.






Communauté française
Arrivés dans la petite ville de Benzilan, personne ne comprend comment on peut prendre le bus. Une voiture s’arrête. Au volant, Estelle, une française de 58 ans architecte de formation, qui a plaqué son boulot stressant dans la presse il y a dix ans, pour se réorienter, a étudié un master en management d’entreprise. Elle arrive en Chine et gère un éco-gîte (Tulu Lodge) depuis 8 ans. Elle reçoit beaucoup de clients étrangers qui s’intéressent à la culture tibétaine. Dans la voiture, on lui pose pleins de questions, curieux de savoir comment elle en est arrivée là. Sur la route, on s’arrête chez Agathe et Etienne, deux vignerons qui travaillent sur un projet de deux ans. Dans des caves high tech, ils démarrent la production d’un vin local à 300 euros la bouteille qui ne sera réservé au marché chinois haut de gamme. En France, notre chauvinisme nous retiendrait d’acheter du vin étranger à ce prix là.

La vieille ville de Shangri-La est très touristique. Mais ces ruelles piétonnes et bâtiments en bois n’en sont pas moins beaux. On rigole de retrouver les groupes de danse chinoise au milieu des places le soir. Estelle nous emmène dans une auberge et nous donne rendez-vous le soir au Flying Tiger, une brasserie gérée par deux français. Là on rencontre Tobie, qui travaille avec les propriétaire du lieu sur leur formule de glamping, ou comment concilier “glamour” et “camping” dans une formule de trekking de luxe. Tout en discutant, on ne peut pas résister à la carte du restaurant. En tête du menu français se trouve la raclette. Après si longtemps loin de chez nous, on hésite pas longtemps avant de se lancer sur cette assiette de fromage à 60 dollars. On retourne le lendemain à la même table pour manger le steak de yak sauce au bleu. Miam miam !

Parenthèse pédestre
Une fois les demandes de prolongation de visa posée, il ne nous reste plus qu’à nous occuper pendant une semaine. Nos nouveaux amis français nous conseillent deux lieux de randos : le parc de Pudacuo (普 达 措 国家 公园) et le village de Nizhu ou le parc du Meili Snow Mountain (梅里雪山) dans la vallée autour de Yubeng. On choisit le deuxième pour l’attrait des sommets. Le Kawasharpo culmine à 6740m dans une chaîne qui sépare la région du Tibet de la région du Yunnan. A noter que le Tibet dessiné par les chinois n’est pas le seul lieu de vie des tibétains. Des tibétains vivent depuis longtemps au Sichuan et au Yunnan également. Dessiner la province fut un moyen de diminuer l’étendue du peuple tibétain.






On randonne de Xidong à Yubeng, puis la pluie revient. Une demie journée dans la tente pour Angélique à écouter des podcasts alors que Xavier part courir sur un chemin de rando souillé par les chevaux (qui transportent touristes et bagages) et pluie. Autant dire qu’on aura pas vu les sommets qui nous ont attirés ici.

De retour à Shangri-La et nos extensions de visa en poche, on tient à se faire plaisir et on s’offre un massage ! Une heure de souffrance l’un à côté de l’autre, tout habillé, sous une serviette. Le couple de masseur nous triture des pieds à la tête. Xavier en ressort lessivé avec le sentiment que le masseur avait cherché à toucher tous ses nerfs, alors qu’Angélique arrive encore à marcher malgré les efforts de la petite femme aux doigts forts.

Après une semaine de pause, on reprend la route en suivant les conseils avisés de notre amie Estelle. Une petite route sillonne près de parcs nationaux et dans les campagnes, sous la pluie. On passe devant Baishuitai, des terrasses blanches d’eau (calcaire) aux airs du célèbre site de Pamukkale en Turquie.










« Le jour le plus haut de ma vie »
Ça c’est Angélique qui le dit et on va en profiter pour vous raconter cette prouesse en détail.
On a appris l’existence de la Haba Snow Mountain, culminant à 5396 mètres d’altitude, presque par hasard en regardant la carte. Ha Ba ça alors ! Ca tombait vachement bien parce qu’on passait dans le village du même nom, au pied du sommet. On demande conseil à Tobie qui avait déjà fait l’ascension. Beaucoup de montagnes sont sacrées pour les bouddhistes et il n’est pas autorisé d’y grimper, même celle-ci ne l’est pas. Du coup pas le choix, il fallait tenter le coup.
Pour gravir ce sommet, il nous fallait le matériel, l’acclimatation et la météo. Au village, une auberge de jeunesse loue le matériel nécessaire : campons, piolets, pantalons, gants et chaussures. Bon matos, à part les chaussures qui étaient de bonnes chaussures de rando (en dessous de nos pointures) mais pas conçues contre le froid. Quand à l’acclimatation, pas de problème : on avait passé trois semaines au dessus de 3000 mètres au Tadjikistan et au Kirghizistan (voir notre dernier article), puis on était redescendus dans deux villes chinoises avant de passer deux semaines sur le plateau tibétain. Dernier point à résoudre, la météo. Dans la région il n’existe pas de météo en ligne gratuite et fiable, c’est un vigneron français de la région qui nous l’a appris. Dans notre cas, il fallait croiser les doigts, après les derniers jours à vélo où on avait pris plusieurs averses.
Jour 1 : Nos sacs à dos packés on part pour le camp de base à 4100 mètres (soit 1600 mètres au dessus du village). Sur le chemin, on double quelques chinois. Beaucoup choisissent de faire porter leur sacs (ou eux-mêmes) par des chevaux. Imaginez ce que peut donner un joli chemin de rando dans la forêt parcouru par des dizaines de chevaux et après la pluie : dégoûtant ! En quatre heures on rejoint le refuge, où on en profite pour faire une sieste comme la nuit allait être courte. Le soir on nous sert un dîner copieux à 18h : une soupe à la viande, une soupe au chou, de la courge à la vapeur, des röstis (et oui, c’est une spécialité locale !), des œufs brouillés avec des tomates et bien sûr du riz blanc pour accompagner. Les refuges en France n’ont plus qu’à en prendre de la graine. Ce soir là, on est six touristes au refuge et dernière nous, quatre chinois attablés (sur des tables et tabourets qui ont la taille de dînettes). Une fois qu’ils sont partis, un coup d’œil sur ce qu’il reste sur leur table (on a l’habitude qu’ils gâchent des mets excellents !) et on finit leurs plats (en plus, ils ont eu des aubergines !). Petite balade digestive (après ce qu’on s’était enfilé, on en a eu besoin !) et puis hop au lit. Vers 21h, on doit déjà être en train de faire de beaux rêves.
Jour 2 : Réveil à 3h du matin, en 15 min on se prépare : double épaisseur de collants, grosses chaussettes, pantalon chaud, t-shirt Merino, polaire, doudoune et coupe vent GoreTex. Pas de sac à dos pour Angélique, Xavier porte les encas et l’équipement (on ira plus vite). Au petit déjeuner, des nouilles avec quelques légumes et peu d’épices, parfait pour commencer la journée ! On avait choisi de ne pas prendre de guide parce qu’on a un topo et que le chemin semble relativement simple à suivre. On part à 3h45 pour 1300 mètres de dénivelé en 4km. On aperçoit déjà les lumières des groupes devant nous. A mesure qu’on avance, on voit des lumières apparaître derrière. La première partie suit un chemin bien marqué, indiqué par des cairns puis continue sur une grande dalle, impressionnante mais sans difficulté majeure. On suit le groupe devant nous pour ne pas se tromper de direction dans la nuit, mais ils s’arrêtent tous les 20 mètres alors on finit par les doubler. Xavier repère un autre groupe devant puis on commence à marcher dans la neige où on voit nettement la trace. On double un autre groupe. On fait des pauses très rapides pour manger des barres de céréales (les chinois ont vraiment des goûts différents de nous).
Le ciel est couvert et un peu après 6h30, les nuages filent et laissent apparaître un ciel orange à l’horizon d’une mer de nuage. Vite le ciel se couvre et on ne reverra le soleil… qu’à la descente ! On continue avec les crampons aux pieds et le piolet à la main. On double des chinois, jusqu’à se retrouver en tête de file. Plus de trace nette devant nous mais Xavier fait la trace avec la carte et au vue du relief. Jusqu’au point où on ne voit plus rien devant nous : tout est blanc. De la nuit noire, on est passés au jour blanc : en somme, une ascension manichéenne ! Xavier ne veut pas s’aventurer plus loin sans connaître la montagne et dans le blizzard et on est prêts à faire demi-tour quand on voit trois silhouettes apparaître derrière. On les attend et le guide nous montre la direction. Il est avec un couple du coin, dont le mari traîne la patte. Le guide est très content qu’on fasse la trace pour la femme en tête. Nos pieds sont froids puisque nos chaussures ne sont pas des chaussures d’alpi et on hésite à faire demi tour à plusieurs reprise. Arrivés à 5333m, face au sommet, Xavier juge la situation trop dangereuse et on rebrousse chemin. La suite suit une corde fixe jusqu’au sommet, 60 mètres plus haut. Pour y arriver, on aurait dû traverser un pont de neige. Au vu de la météo, on s’étonne que le guide et ses clients soient si sereins, on a certainement pas la même appréciation du risque.
Sur la descente, le ciel se dégage un peu mais depuis on a pas revu le sommet (qu’on avait pu voir quelques jours plus tôt) (on n’a pas revu les chinois croisés non plus). On peut avoir une jolie vue sur la vallée et la route qu’on avait prise à vélo pour y arriver (si loin). De retour au refuge, une sieste et c’est reparti pour finir les très longs 2900 mètres de descente.
Jour 3 : On a mal aux cuisses, mais on est très contents. Ça tombe bien, on ne pédale pas loin aujourd’hui.

C’est ainsi que l’ont ferme la page montagneuse de notre aventure en Chine.
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